Histoire : Les larmes du rire (poème en vers)

LES LARMES DU RIRE


La blonde ou la brune ? Laquelle pour la farce
Offrira la première, et quel endroit du corps,
Son tourment délicieux au rire des comparses
Déjà grisés par l’haleine des cris retors ?

Ils les ont ficelées et jetées dans la paille
Et le foin avec l’odeur des bêtes autour
Et dans la grange c’est une belle pagaille
qui s’anime pour leur jouer un vilain tour

On choisit la brune : car sa moue faussement
Renfrognée trahit une humeur plus enjouée
Ou serait-ce l’aveu, sous son chandail dardant,
De sa poitrine ronde et peu effarouchée ?

Elle ne peut cacher sous son air de mépris
Le sourire qui point tandis qu’on lui enlève
(les jeunes garnements ne s’y sont pas mépris)
Ses bottines (elle a des pieds cambrés de rêve).

Quelques brins de paille suffiront, promenés
Entre les orteils fins puis le long de la plante
S’attardant sur les creux longuement caressés
Pour la faire gémir sous la torture lente.

L’autre ne sera pas en reste, et le grelot
Sonore que font ouïr ces greluches hilares
De leur fol gloussement glissant jusqu’au sanglot
Parviendrait presque à rompre un peu plus leurs amarres.