Histoire : Les onireines

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Auteur
Histoire


Histoire ajoutée le 22/07/2015
Épisode ajouté le 22/07/2015
Mise-à-jour le 03/07/2021

Les onireines

Bonjour à toutes et à tous,


Pour ceux et celles qui seraient surpris de me revoir, je vous invite à consulter ce sujet :

Je ne reprendrai pas l'archipel, le sujet a de toute manière et par ma faute brûlé vif. Ce que j'ai pu y dire, je l'assume, mais je regrette la façon dont je me suis exprimé. Je retente ainsi une nouvelle histoire, qui, je l'espère, plaira.
Bonne lecture, et n'hésitez pas à vous exprimer.


Les onireines

Partie première


Prologue : 14 rue des thaumaturges, Mélénnice, France, la nuit

Tout avait commencé avec une soirée bien trop arrosée, organisée naturellement à l'extérieur de l'internat en l'honneur des dix-huit ans de Karim. Un passage au bar, puis un tour en boîte, cela jusqu'à très tard et sous la bienveillance de Bacchus. Les verres avaient teinté et s'étaient multipliés tandis que l'alcool qu'ils contenaient gagnaient en maturité. La douzaine d'adolescents et de jeunes et irresponsables adultes s'était faite charmer par les démons de la fête, violant à la fois les règles de citoyenneté, de l'internat et de la décence. Quand, s'étant faits jeter dehors par le videur, les joyeux lurons s'en étaient retournés vers leurs dortoirs, ils s'étaient aperçus que la veilleuse les y attendaient de pied ferme. Et c'est là que les choses avaient commencé à partir trop loin.

Non content d'arriver en pleine nuit, titubant et riant tel des pochards, les jeunes gens, s'entraînant mutuellement, avaient décidé de fondre sur la surveillante pour la ligoter et ainsi l'empêcher de faire quoi que ce soit. A cet instant, Elektre, malgré les vapeurs cotonneuses aux relents de Vodka, s'était rendue compte qu'ils dépassaient les bornes. Hélas, elle n'avait rien pu face à cette brochette de garçons surexcités occupés à attacher la garante de leur sécurité, et s'était contentée de suivre le bruyant troupeau à travers les couloirs déserts. Les choses s'étaient rapidement aggravées lorsque certains avaient eu la brillante idée de dévaliser les réserves de nourriture, de mettre à sac tel ou tel bureau ou encore d'inonder les sols pour leur petit plaisir d'ivrogne.

Les rares filles ne s'étant pas prêtées à l'expédition avaient ensuite pointé le bout de leur nez, très vite enrôlées de force et obligées de se rendre complice des dégradations. Puis, finalement, les garçons s'ennuyant, Karim, ou le maître de cette fantastique soirée, avait théâtralement déclamé, perché sur une table, que les portes du second sous-sol seraient ouvertes. Un projet alléchant et fortement nourri par les interdits qui fit l'unanimité. A la vitesse de l'éclair l'intégralité des jeunes de l'internat se retrouva dans le lieu interdit, dont le cadenas avait été impitoyablement saboté. Même si l'endroit, humide et sombre, ne recelait que des fournitures et d'anciens meubles entreposés, l'on avait aisément trouvé de quoi s'amuser, sans quelques sacrifices matériels évidemment. Peu d'objets survécurent aux tornades, sous les yeux de plus en plus paniqués d'Elektre et de la plupart de ses amies.

Ambre, la veilleuse, ne pouvait pour sa part qu'entendre le désastre, étant donné qu'un bandeau lui avait été placé sur les yeux. Pourtant, faute d'une autre source de jeu, les garçons s'étaient inexorablement rabattus sur elle, se mettant à l'insulter, à la provoquer, puis à la titiller physiquement. Ses chaussures lui avaient été ôtées et elle avait passé un long moment à se tordre sous les chatouilles et autres attouchements conjugués de tout un groupe de jeunes mâles ivres et en manque. L'affaire aurait pu tourner au viol, si, ayant trébuché sur un camarade assoupi, Léo ne s'était pas lamentablement écrasé contre un coin de mur. Peut-être cette chute avait-elle été une catastrophe, au moins avait-elle évité d'inutiles tourments à la surveillante.

Ainsi l'adolescent avait-il, en tombant lourdement, enfoncé une portion du mur de la grande salle, révélant un trou d'où exhalait une odeur d'humus et de renfermé. Chacun, malgré son état d'énervement ou d'ébriété, avait alors ressenti un désagréable frisson. Nul n'avait osé bougé pendant plusieurs minutes, la fissure secrète attirant tous les regards. Malheureusement, les yeux s'étaient de nouveau rempli d'une lueur espiègle et stupide, et tous s'étaient lancés à l'assaut de ce compartiment secret. Les filles, apeurées et réticentes pour la majorité, s'étaient vues contraintes de passer les premières.

Elektre, en tête, avait découvert, tremblante, une pièce exiguë et surtout dénuée d'issue, occupée par de vieilles caisses de bois poussiéreuses et des étagères branlantes. Mais le plus intrigant, et ce qui l'avait pétrifiée de terreur avant qu'elle ne soit rudement poussée en avant, avait été la statue à taille humaine postée au fond. Les différentes lampes torches l'avaient tour à tour débarrassée des ténèbres, permettant de la détailler plus attentivement pour autant qu'on en eusse le courage. Finement sculptée, il s'agissait d'une femme nu-pieds, vêtue d'une toge et semblant fixer l'entrée de sa crypte, comme si elle jaugeait ceux et celles qui s'aventuraient jusqu'ici.

Sans plus de considération et en dépit du froid ambiant et de l'apparente fragilité des objets présents, les garçons s'en étaient de nouveau donnés à coeur joie et avaient littéralement retourné l'endroit. Des livres jaunis par l'âge, des bibelots mangés par la rouille et d'étranges statuettes difformes, tout cela avait été pillé, brisé, anéanti. De véritables trésors étaient sans nul doute tombés en morceaux sous les mains impies de ces jeunes gens sans foi ni loi. Sur les débris de ces artéfacts s'étaient-ils finalement paisiblement installés, amenant même la pauvre veilleuse et l'allongeant quasi nue sur la pierre froide et sale. Les filles, si elle ne pleuraient pas, gardaient un oeil inquiet sur leurs homologues masculins, lesquels les lutinaient de plus en plus. Devant leur refus et leur résistance, la scène avait viré au viol collectif et bientôt des hurlements de détresse s'étaient mêlés aux cris, injures et coups.

Alors, tout à coup, une poignée de secondes avant que l'irréparable n'ait pu être commis, deux garçons s'étaient redressés d'un bond, les yeux écarquillés et le visage pâlissant à vue d'oeil. Les autres, suivant leur regard, n'avaient pas tardé à faire de même : La statue, un instant plus tôt dans l'ombre de son emplacement, était maintenant devant l'entrée, sa position inéquivoque quant à sa nature de pierre. Ses lèvres s'étaient mises à bouger, et une voix, venant de partout à la fois, avait résonné dans le silence effaré :

- C'est ainsi que vous traitez les femmes, humains ?

Personne n'avait pu répondre, certains se trouvaient même au bord de l'évanouissement. Une épouvante innommable était en train de saisir les garçons et les filles, et cette fois l'alcool ou la drogue n'y étaient pour rien.

- Votre race me dégoûte, avait continué la statue d'une voix vibrante de haine et de rancoeur. J'aurais dû revenir bien plus tôt. Il est hors de question que je reste inactive devant ce spectacle pitoyable.

Soudain elle avait pointé l'assemblée d'un doigt accusateur, son visage se tordant sous l'effet de la haine qui l'animait. Les jeunes gens, mués par leur instinct, s'étaient recroquevillés à l'opposé de la pièce, serrés les uns contre les autres malgré ce qui venait de se passer. Or, la femme de pierre n'en avait pas fini :

- Il est temps que vous retrouviez votre état originel, le temps où ni les hommes, ni les femmes ne dominaient. Vous, mâles, avez eu la chance de prendre l'ascendant et de le conserver assez longtemps pour qu'il sonne comme acquis ! Dorénavant, ces filles envers qui vous vous estimez supérieurs sont plus puissantes que vous ! Que les femmes soumettent selon leur vouloir et leurs fantasmes !

Un hurlement strident avait ensuite explosé dans la salle, vrillant les crânes et brisant une à une les conscience, les précipitant dans des affres de souffrance et de torture. C'est au petit matin, en suivant les traces d'effraction et les dégâts, que l'on retrouva, sans connaissance, une douzaine d'adolescents et une jeune adulte ligotée et à moitié habillée, dans une salle encore inconnue à ce jour. Une enquête fut ouverte et l'affaire fut étouffée avec plus ou moins de succès. Néanmoins, pour les représentantes du sexe féminin concernées, l'histoire ne faisait que commencer.

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