Histoire : La princesse (Épisode 01)

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Histoire


Histoire ajoutée le 11/10/2022
Épisode ajouté le 11/10/2022
Mise-à-jour le 03/03/2023

La princesse

Bien le bonjour à tous!

Après quelques années d'inactivité je sors de nulle part avec un nouveau récit! Et oui, j'aime surprendre ;)

Quoiqu'il en soit voici ma nouvelle histoire qui, pour être honnête avec vous, n'est pas encore tout à fait finie. (La suite est écrite mais pas jusqu'à la fin.)

Cependant, je vous présente un extrait pour voir si elle vous plaît en premier lieu (après tout ce temps je stresse un peu haha). C'est sans doute plus en longueur que mes précédentes fictions, donc désolé d'avance si vous n'aimez que les scènes de chatouilles. J'espère néanmoins que vous accrocherez! Bienvenue aux nouveaux qui ne me connaissent pas, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, et j'espère également retrouver les commentaires sympathiques des anciens! 

Au fait j'ai d'abord écrit cette histoire sur LibreOffice avec mon ordinateur puis je l'ai copiée collée ici, alors j'ai eu quelques problèmes avec la mise en page en publiant. Après quelques modifs le problème a l'air d'être réglé mais dites-moi si ça n'apparaît pas correctement pour vous et j'essaierai d'arranger ça

Bonne lecture

Neotk





 La princesse


Sur une route d’Égypte, en -331, par une belle nuit d’été, une carriole s’éloigne de la ville et s’enfonce dans le désert. Elle quitte en secret le palais royal avec à son bord un précieux chargement.

Le pays est en proie à un grand soulèvement, et toute la famille royale a été forcée de fuir. Mais la princesse Nyssa, héritière du trône, descendante du dernier grand Pharaon, en avait décidé autrement. Proche du peuple, elle a tenté de plaider la cause de son père alors que celui-ci était accusé de tous les maux qui touchent les égyptiens. Mais les citoyens prirent la fuite du Pharaon comme un aveu de sa culpabilité, et ainsi le père de la princesse détruisit la seule chance qu’il avait de pouvoir calmer son peuple, et de voir les choses revenir à la normale. Ce qu’il ne pouvait pas anticiper, c’était qu’il mettrait sa fille en danger par la même occasion. Il l’avait toujours crue protégée, d’une part parce qu’elle demeurait dans l’enceinte du palais, et d’autre part car elle bénéficiait de la sympathie de ses sujets. Mais c’était sans compter sur la Ligue d’Alexandrie. Une organisation extrémiste qui sévissait dans le pays sans que personne ne puisse prouver son existence. Le Pharaon par exemple, avait toujours refusé d'y croire, jugeant ridicule le fait qu’une sorte de secte secrète puisse en vouloir à son trône sans que personne ne puisse le démontrer.

Mais l’évidence n’allait pas tarder à se faire savoir. Dans quelques heures, le jour se lèverai, laissant apparaître aux premières lueurs de l’aube les cadavres de deux gardes et le lit vide de la princesse. Car la Ligue avait frappé.

Ses membres avaient passé des mois à infiltrer le palais pour s’attaquer au Pharaon, mais ce dernier s’était enfui avant qu’ils ne puissent mettre leur plan à exécution. Alors ils décidèrent d’enlever sa fille. Ils disposaient ainsi d’un levier considérable et d’une source d’information en or. Et cet atout était en train de se débattre à l’arrière d’une carriole, les mains et les pieds solidement attachés derrière son dos. Ils lui avaient fait quitter le palais vêtue d’une simple robe de nuit et de sandales, puis l’avaient attachée et bazardée à l’arrière d’une roulotte comme si elle n’était qu’une vulgaire marchandise. Nyssa n’avait pas hérité de l’arrogance liée à son statut familial, mais il n’en restait pas moins qu’il ne s’agissait pas là d’une façon de traiter un être humain, qu’il soit de sang royal ou simple paysan. Elle ne s’était pas fait prier pour le faire remarquer aux 3 hommes qui l’accompagnaient, ce qui lui avait valu d’être violemment bâillonnée et exhortée au silence.

Un homme conduisait la charrette pendant que les deux autres, grands et forts, étaient à l’arrière, chargés de garder un œil sur son Altesse. Celle-ci n’avait pas vu le visage du conducteur mais reconnaissait les hommes avec elle. Le premier, rasé de près et avec des cheveux très courts, avait intégré la garde royale il y a de ça deux mois, tandis que l’autre, plus petit et un peu moins athlétique, avait des cheveux légèrement plus longs et une moustache, était arrivé aux cuisines du palais depuis 5 mois environ. Ce fut celui qui parla le premier, après que l’autre eut bâillonné la princesse :


- « Tu as bien fait de la faire taire, elle nous aurait dérangé tout le trajet. D’ailleurs c’est encore loin ? »


- « Il faut bien qu’elle sache parler, c’est tout ce que les membres de sa chienne de famille savent faire. Pour le trajet je ne sais pas. Eh B ! On en est où ? Le jour va bientôt se lever là il faut pas qu’on traîne ! »


La voix plus douce et d’une manière très décontractée, le conducteur dénommé « B » répondit :


- « Ne vous inquiétez pas je passe par les routes les plus sûres. On devrait y être d’ici deux heures, tachez de rester tranquilles. En tout cas veillez à ce que notre invitée le soit. »


- « Elle le sera ; dit alors le faux garde, avant de reprendre plus bas ; et quand on sera arrivés plus personne ne pourra la retrouver, on s’amusera bien... »


Il avait prononcé ces mots sur un ton qui faisait froid dans le dos, et regardait Nyssa en s’approchant avec un air bestial, comme le démuni qui regarde un repas chaud qu’on viendrait de lui servir.

La princesse pouvait sembler d’apparence fragile. C’était une jeune femme de 19 ans, elle était petite et sans muscles proéminents, elle avait une peau mate qui semblait d’une grande délicatesse et avait un visage rond aux traits très doux, ainsi que de longs et beaux cheveux soyeux attachés en une grande natte qui lui tombait jusqu’au milieu du dos. Un physique qui lui valait de nombreux prétendants, et qui participait sans doute à lui octroyer la sympathie du peuple.

Cependant ce soir-là, et en particulier après cette remarque, les beaux yeux marrons de la jeune femme ne laissaient transparaître aucune douceur. Eux qui étaient d’ordinaire pétillants et chaleureux, étaient en cet instant presque effrayants. Elle regardait son geôlier avec le plus profond dégoût. La peur qui l’avait saisie quand ces hommes avaient tué les gardes devant sa chambre avait peu à peu laissé place à de la colère. Bien sûr au fond d’elle elle avait encore peur, mais l’adrénaline prenait pour l’instant le dessus, et elle voulait rendre la vie dure à ceux qui la maintenaient captive.

Elle entreprit alors de se débattre avec encore plus de vigueur, tentant par la même occasion de donner des coups aux hommes qui la surveillaient.

Le garde se releva alors, apparemment furieux :


- « Ah très bien alors puisque c’est comme ça... »


Le cuisinier se leva à son tour pour arrêter son complice mais il était trop tard, il assenait déjà un violent coup de pied sur la tempe de la princesse qui cessa de bouger. Elle eut le temps d’entendre la voix lointaine du cuisinier hurler sur le garde, avant que tout ne se trouble et qu’elle perde connaissance.



Lorsqu’elle reprit conscience, c’est parce qu’elle sentait qu’on la déplaçait. Le garde la portait sur son épaule. Bien que repoussée par le contact avec cet homme ignoble, elle était trop faible pour réagir. Elle avait terriblement mal à la tête, qui était pendue vers le bas, mais sinon elle se sentait bien. Apparemment les sévices s’étaient arrêtés à sa perte de connaissance. Elle crut voir une lumière au loin sous le bras du garde, indiquant que le jour se levait. De ce qu’elle pouvait en apercevoir, le panorama avait l’air magnifique. Il lui semblait qu’on l’emmenait en hauteur, sans doute dans des montagnes, qui étaient un lieu affectionné des fugitifs et des brigands en tout genre dans le pays. La topographie de la région offrait de nombreux endroits reculés, tels que des crevasses ou des grottes, idéales pour se réunir sans être vus.

Leur ascension continua ainsi pendant de longues minutes. Il n’était pas facile de grimper en portant quelqu’un de cette façon, même pour quelqu’un d’aussi fort que le garde. Il y avait des secousses et la princesse eut peur de tomber à plusieurs moments. Le garde glissa et se rattrapa de justesse avant de dévaler la pente avec sa prisonnière. Alors qu’il se répandait en jurons de tous genres, Nyssa sentit une sensation de frais qu’elle ne put bien analyser avant que le cuisinier qui marchait derrière eux ne dise :


- « Attends elle a perdu ça »


Gardant les yeux mi-clos pour éviter de leur faire savoir qu’elle était réveillée, elle le vit tendre une sandale au garde qui la repoussa d’un revers de la main :


- « Garde-la ou remets-lui, moi j’ai pas de temps à perdre. »


- « D’accord je lui remets attends-moi une seconde »


Le garde s’agenouilla pour que le cuisinier puisse avoir le pied de la princesse à disposition afin de la rechausser. Il vit alors un petit pied, à l’image de sa propriétaire, mais qui n’en était pas moins charmant. Une plante laiteuse et des orteils formants un escalier harmonieux. La zone avait l’air extrêmement douce et ne comportait aucune blessure, corne ou callosité, absolument aucun défaut n’était visible. Des pieds répondants à ces critères se comptaient sur les doigts de la main dans tout le royaume.


- « Elle a de jolis pieds cette gamine... » dit le cuisinier sur le ton de la conversation, sans doute plus pour lui-même que pour son compère, tout en s’attelant à sa besogne


En entendant ces mots, la princesse se sentie légèrement rougir de gêne. Elle avait toujours pris grand soin de ses pieds, comme de tout son corps d’ailleurs, car après tout elle était fille de Pharaon et elle se devait donc d’être très apprêtée. Cependant il lui paraissait bien absurde qu’on puisse lui faire des compliments sur cette partie de son corps. D’ailleurs elle n’aimait pas beaucoup ses pieds. Elle n’avait jamais été très à l’aise avec cette zone et c’était le seul endroit dont elle voulait s’occuper elle-même, sans l’aide de ses servants.


- « Ça y est t’as fini ? » mugit le garde qui reprit son périple sans même attendre une réponse


La marche recommença et la princesse se reprocha alors sa stupidité, qui la poussait à rougir pour des idioties dans une situation pareille.

Les effets du coup de pied porté par le garde se dissipaient, laissant place à de l’anxiété. L’adrénaline qui l’avait poussée à vouloir attaquer ses ravisseurs avait disparue, et la princesse ne savait pas à quoi s’attendre. Normalement on ne se rendait pas dans ces montagnes sans savoir où aller, ce qui excluait l’hypothèse naïve de serviteurs en colère qui, par un coup de chance, se seraient frayés un chemin jusqu’à sa chambre et l’auraient kidnappée pour se faire simplement entendre. Non, ces hommes-là savaient ce qu’ils faisaient et avaient visiblement une base dans les environs.

Malgré son jeune âge, Nyssa était loin d’être inconsciente, elle savait parfaitement ce qu’elle représentait, surtout dans le contexte politique actuel. Et elle avait peur de ce qu’on pourrait lui faire pour ça. Mais plus encore, elle avait peur pour sa famille, son père et ses deux jeunes frères. Si jamais ils étaient contraints de revenir en échange de la vie de la princesse ils étaient morts, elle le savait. Elle ne pourrait pas se le pardonner. Surtout pas maintenant qu’ils avaient réussi à se mettre en sécurité.

Alors elle comprit qu’elle n’avait que deux options si ses craintes étaient avérées : s’échapper ou mourir.

Une voix vint alors de devant, là où la princesse ne pouvait pas voir, mais elle reconnut B :


- « On arrive, puisqu’elle est encore inconsciente posez la ici le temps qu’on aille voir le chef. »


Le garde obéit sans discuter. Il était clair que B était le commandant de cette équipe. Les 3 hommes s’éloignèrent et quand leurs pas ne se firent plus entendre, Nyssa ouvrit les yeux pour découvrir une chose incroyable.

Ce qui avait dû être une très belle forteresse en son temps, trônait entre les pans des montagnes, ce qui la rendait sans doute invisible depuis le bas. Elle n’était pas bien grande et les murs étaient un peu décrépis voire effondrés par endroits, mais elle tenait encore très bien debout, malgré le fait qu’elle ait l’air abandonnée depuis plusieurs siècles. Des éboulements semblaient s’être acharnés sur certaines parties, ce qui expliquait sans doute l’abandon.

La princesse regardait autour d’elle en quête d’un quelconque objet pour se libérer mais hélas, il n’y avait rien. Ni restes d’armes, ni même un caillou un peu tranchant. Alors qu’elle envisageait de partir du mieux qu’elle put pour trouver une cachette tout en étant attachée, elle entendit les hommes revenir. B donnait encore des directives :


- « Le chef n’est pas là alors mettez la dans le cachot. On verra ce qu’on en fait quand il reviendra. »


Le garde se rapprocha alors de la princesse et la porta à nouveau pour l’amener dans la forteresse. Son architecture était plutôt basique et commençait par un long couloir éclairé avec des torches. Ils croisèrent deux autres gardes qui ne bougèrent pas au passage du groupe, puis tournèrent dans un accès qui donnait immédiatement sur un escalier en colimaçon qui descendait dans ce qui devaient être les cachots.

Juste avant de bifurquer, la princesse crut apercevoir du coin de l’œil une salle plus grande et plus illuminée, qui devait être la salle principale.

Une fois arrivés en bas, il faisait plus froid et l’atmosphère était grise et triste, comme imprégnée de mort. Ils détachèrent et déposèrent la princesse sur un lit dans l’une des cellules qu’ils verrouillèrent et remontèrent. Elle les entendit dire quelque chose à propos d’un « repas bien mérité ».

Elle était seule. Elle réitéra sa tentative d’escapade entreprise à l’extérieur de la forteresse mais sans plus de succès. Elle tapota les murs à la recherche d’un son plus creux, essaya de pousser les vieux barreaux en espérant qu’ils se décrochent mais rien n’y faisait. Malgré son apparence vétuste, la forteresse tenait bel et bien debout et était parfaitement fonctionnelle. Le mur qui communiquait avec une petite pièce que la princesse n’avait pas pu voir était solide, elle ne pouvait pas y créer une brèche à mains nues.


Après une bonne demi-heure à tourner en rond la princesse décida de s’asseoir pour réfléchir et prier que les dieux lui viennent en aide. Malheureusement rien ne vint pendant les deux heures qui suivirent, jusqu’à ce que la princesse entende la voix du garde, plus forte qu’à l’accoutumée, venir des escaliers :


- « Tout cqui compte c’est dla faire parler non ?! »


La voix du cuisinier, plus mesurée mais forte aussi, résonnait en arrière :


- « M-mais * hoquète * B a dit qu’il fallait attendre »


- « On s’en fout de ce qu’il a dit si on a les résultats qu’il veut ! » répliqua le garde en déboulant dans les cachots


Ils étaient visiblement ivres, le « repas bien mérité » ayant dû passer par là. Le garde ouvrit la porte en manquant de faire tomber les clés. Il était rouge et puait l’alcool. La princesse se réfugia au fond de sa cellule comme pour lui échapper, bien que ce fut inutile :


- « Arrêtez qu’est-ce que vous me voulez ?! »


- « Oh tais-toi un peu et viens par ici ! »


Il l’agrippa par le bras et la força à s’asseoir sur un tabouret qui traînait dans la cellule. Elle essaya de se débattre mais c’était peine perdue, il lui attacha les mains derrière le dos et les pieds au tabouret.


- « Olala j’aime pas ça du tout » bégaya le cuisinier qui était resté en arrière, presque plus effrayé que Nyssa


- « Te fous pas de moi tu sais très bien ce qu’on veut ! Ton chien de père s’est enfui et on veut savoir où il est ! Tu vas nous le dire que tu le veuilles ou non, et au passage on veut aussi la cachette des trésors du palais ! »


Dans une tentative désespérée, la princesse tenta de nier :


- « Je ne vois pas de quoi vous... »


Mais se retrouva projetée au sol. Le garde l’avait giflée du revers de la main. Elle n’avait jamais été frappée auparavant mais elle savait pourtant que ce n’était pas la force d'une gifle ordinaire. Il la releva et voulu la frapper encore, cette fois en fermant le poing. Nyssa ferma les yeux puis elle entendit le cuisinier laisser échapper un petit cri de surprise. Elle attendit ce qui lui semblait être une éternité pendant laquelle aucun coup ne vint. Elle ouvrit prudemment les yeux et vit le garde, le poing brandi, comme figé en pleine action, une lame sur la gorge. La princesse n’en voyait pas le propriétaire, mais une voix qu’elle ne connaissait pas retentit alors derrière lui. Une voix ferme et menaçante. Une voix de femme :


- « Si tu t’avises encore une fois de toucher à ma prisonnière sans que je t’en donne l’ordre cette lame se plantera directement dans ton cœur. Est-ce que tu m’as bien comprise ? »


Le garde acquiesça prudemment. Il semblait avoir repris contenance, comme s’il n’avait jamais été aussi sobre. Puis il répondit :


- « Oui chef ! »


- « Alors débarrasse-moi le plancher »


La femme rangeât sa dague et regarda partir le garde, pourtant plus grand qu’elle de plus d’une tête, comme un enfant à qui on aurait tapé sur les doigts. Le cuisinier avait été rejoint par B, et tous deux se tenaient au garde à vous. Il était clair que cette femme détenait sur eux une autorité encore plus forte qu’une simple autorité hiérarchique. Elle était crainte et très respectée.


- « Bien, à nous maintenant ; dit-elle en se retournant vers Nyssa ; enchantée votre Altesse, je suis Naboris, et c’est moi qui vous ai fait venir ici. Je suis la chef de la Ligue d’Alexandrie. Je vous prie de m’excuser pour les manières de mon sous-fifre, il est très inélégant. Ceci étant dit il n’avait pas tort sur un point : j’ai besoin de trouver votre père et je crois que vous pouvez m’aider. »


- « Qu’est-ce que vous lui voulez ? »


- « Ça c’est une grande question. Je ne sais pas trop en fait. Le livrer au peuple en colère ou peut-être le tuer moi-même ? En tout cas je veux qu’il paye pour les crimes qu’il a commis envers notre peuple. »


La princesse était horrifiée. D’une part par la violence des propos et d’autre part par le calme avec lequel ils avaient été prononcés. Si cette femme cherchait son père, alors il était en grand danger.


- « Je-je ne sais pas où il est je le jure ! Il est parti sans rien... »


- « Je vous arrête princesse, puisque vous n’êtes pas une habituée des interrogatoires je vais vous expliquer comment ça fonctionne. Là c’est la partie où vous jurez sur toute votre maudite ascendance que vous ne savez rien, qu’il est parti en vous abandonnant ou que sais-je, et c’est la partie où moi je sais que vous mentez. Alors je vous dit que j’ai les moyens de vous faire parler et qu’il vaudrait mieux coopérer, vous voyez ? »


La fille du Pharaon était sans voix. Totalement prise de court par l’arrivée de ce personnage assez énigmatique, amical et en même temps si menaçant.


- « Je-je ne sais pas… »


- « Bien bien princesse, comme vous voudrez. J’attendais votre venue alors j’ai préparé la pièce d’à côté. »


Elle fit un signe à B qui lui banda les yeux, la détacha et l’amena jusqu’à la pièce située à droite de la cellule, la pièce qu’elle n’avait pas pu apercevoir à son arrivée, puis B la laissa au milieu, complètement aveugle, avant de remonter les escaliers avec le cuisinier.


- « Bien à genoux maintenant. » ordonna Naboris


Nyssa s’exécuta et senti une chose bizarre au sol, froide et dure au niveau de chacun de ses tibias. Naboris passa derrière elle et sembla les lui positionner pile à l’intérieur de ces choses a priori circulaires. La princesse entendit en clic métallique alors que les arceaux se fermaient sur ses tibias.


- « Bien maintenant levez les mains »


La princesse, battue et désemparée, ne savait que faire si ce n’est obéir en attendant de trouver une solution. Elle était sûre d’une chose cependant : elle ne trahirait pas sa famille. On viendrait la secourir sans qu’elle n’ait à dire quoique ce soit. La femme lui lia les mains au-dessus de la tête , puis s’éloigna pour aller activer une sorte de mécanisme dans un coin de la pièce qui tira sur la corde. Le corps de la princesse Nyssa était complètement tendu et elle était sans défense. Naboris lui retira le bandeau des yeux et vit la frayeur dans ses yeux :


- « Allons allons vous pensez que je vais demander à l’autre brute de revenir vous frapper ? Soyez rassurée ça n’arrivera pas, je vous l’ai dit c’est très inélégant. Je suis peut-être la chef de la Ligue mais je reste avant tout une femme. Je ne demanderai pas à ce qu’on frappe une jeune fille sans défense. »


La princesse se sentit un peu soulagée car la perspective d’un passage à tabac ne l’enchantait guère, mais elle était également anxieuse de ne pas savoir ce qui l’attendait. La pièce autour d’elle semblait vide, mise à part une table, trop haute pour voir ce qui était posé dessus.


- « Malgré tout j’ai besoin de réponse de votre part, je préfère ne pas vous faire de mal mais ça ne veut pas dire que je ne vais rien tenter. Puisque vous ne voulez pas me dire où est votre père vous permettez que je vous pose une autre question ? »


Nyssa était dans une position très inconfortable. Sa gorge était serrée, son rythme cardiaque augmentait et l’aisance de son interlocutrice la perturbait grandement. Elle fit un faible signe de tête pour dire oui.


- « Ah parfait on avance ! Alors dites-moi princesse, est-ce que vous êtes chatouilleuse ? »


- « Pardon ? »


- « Est-ce que vous craignez les chatouilles ? »


La question détonnait tellement avec l’ambiance que la princesse ne put s’empêcher d’avoir un petit rire. Tout cela était tellement stupide !


- « Pourquoi une question pareille enfin c’est ridicule ! »


Puis elle en comprit l’utilité compte-tenu de la situation dans laquelle elle se trouvait. Et ça ne lui plaisait pas du tout. Elle décida de mentir :


- « Non pas du tout. Mes frères ont déjà essayé eux aussi mais sans succès, c’est idiot et puéril comme attaque. » acheva-t-elle avec un petit rire discret, en priant pour que le filet de sueur sur sa tempe ne soit pas remarqué.


« Pas les chatouilles » se dit-elle. Elle était extrêmement chatouilleuse, c’était une de ses plus grandes faiblesses. Tellement que ses frères, qui avaient pourtant plus de 10 ans de moins qu’elle, parvenaient sans mal à la maîtriser en quelques instants s’ils usaient de ce stratagème.

De plus elle était très peu protégée en cet instant. Elle portait toujours sa robe de nuit, qui était très fine et la laisserait en proie à une sensation de chatouilles quasiment peau contre peau. Quant à ses sandales, si elles tombaient à cause d’une secousse pendant une marche en montagne, il ne serait pas difficile de les lui retirer.

Naboris s’approcha et lui toucha doucement la joue :


- « Allons princesse, vous voulez me faire croire qu’avec une peau si douce et entretenue vous ne craignez aucune chatouilles ? Nulle part ? »


- « Eh bien non je vous le jure »


- « Oui tout comme vous me jurez que vous ne savez pas où se trouve votre père. Je ne peux pas parcourir chaque centimètre carré du pays à sa recherche, mais je peux parcourir chaque centimètre carré de votre peau pour trouver un endroit sensible. C’est vous qui voyez mais c’est votre dernière chance. »


- « Non c’est inutile je vous assure... »


- « Bien alors dans votre intérêt j’espère vraiment que vous dites la vérité, sinon la journée va être pénible pour vous, bien que très amusante pour moi. »


C’était peine perdue, les mensonges ne fonctionnaient pas. En fait, c’est comme si elle n’avait pas parlé du tout. Et quelque chose lui disait que à ce stade, même si elle avouait absolument tout, sa captive prendrait quand même un malin plaisir à la tourmenter.

Elle décida alors de ne rien tenter, regardant avec effroi la chef de la Ligue s’approcher pour commencer le travail. Elle avait été prendre une sorte de petit tapis, très épais, qu’elle avait positionné devant Nyssa. Puis elle s’agenouilla dessus. La princesse n’osait pas la regarder dans les yeux. Elle se concentrait simplement pour se retenir. Peut-être que si elle y arrivait, sa tortionnaire abandonnerait l’idée de la chatouiller ?


- « Bien, maintenant que je suis installée on peut y aller princesse. »


Elle commença par positionner ses doigts tout en haut des bras de la princesse et descendit doucement. Elle avait les ongles plutôt longs, ce qui était inattendu et provoquait chez Nyssa des frissons déjà intenses alors qu’il ne s’agissait que de ses bras. Elle serra les poings autour de la corde qui lui liait les poignets tandis que les doigts continuaient de descendre et arrivaient aux aisselles, rendues nues par la traction des bras de la princesse qui avait fait retomber les manches de sa nuisette. Naboris s’attarda sur cette zone, tourmentant la princesse avec ses longs ongles, effectuant des petits cercles dans sa chair. La pauvre Nyssa était déjà presque au bout de sa résistance, réprimant au maximum les spasmes qui l’assaillaient, se mordant la langue pour ne pas rire.


- « Un problème princesse ? On est chatouilleuse ici ? » dit la geôlière avec un sourire sadique


- « Nooon » répliqua la princesse sans trop savoir comment elle avait fait pour retenir un éclat de rire en parlant


- « Ah bon ? Alors il est peut-être temps que je change de zone… »


Elle descendit alors plus bas et fit danser ses doigts sur les côtés et la face du ventre. Bien que ce fut par-dessus un vêtement, au bout de 30 secondes la princesse ne pouvait presque plus se retenir. Naboris l’avait remarqué et intervint en taquinant la princesse pour briser cette mascarade qui ne trompait personne :


- « Ooooh je crois que ça chatouille là… Aller princesse il faut se laisser aller ce sera plus facile… Guilli guilli guilli... »


Nyssa ne supportait pas d’être infantilisée. Cela l’énervait depuis toujours. Mais ces petits mots pendant des séances de chatouilles avait pour effet de lui faire perdre le contrôle. Cela la chatouillait encore plus, et elle n’avait pas besoin de ça. C’est alors qu’elle éclata de rire :


- « Hahahahaha dites pas çaaahahaha pouahhahahaha »


- « Eh bien voilà on avance ! Vous avez tenu quelques minutes c’est pas mal. Vous voulez une pause ? »


- « Ouiiiihihi s’il vouhous plaaaaît »


- « Vous connaissez le mot magique alors... »


- « Je ne sais pahahaaas où est mon pèèèhèèhèère je le juuhure »


Les larmes commençaient à monter aux yeux de Nyssa, et elle se demandait ce qu’elle pourrait faire pour que ça s’arrête sans avoir à livrer sa famille.


- « Non pas ça, on verra plus tard pour votre père. L’autre mot magique. »


Perdue dans les sensations de chatouillement, la princesse ne comprenait pas ce qu’on lui demandait. Un mot magique ? On la torturait pourtant pour savoir où se trouvait son père, mais si ce n’était pas ça alors quoi ? Elle riait trop pour poser la question, les chatouilles avaient accéléré et respirer était devenu sa priorité.


- « Je vais vous aider un peu alors ; dit Naboris sans ralentir la cadence ; je vous ai posé une autre question et je veux que vous me disiez la vérité »


Nyssa comprit alors de quoi elle parlait. De toute évidence, la geôlière connaissait déjà la réponse à cette question, mais l’obtenir de la bouche de la princesse représentait une satisfaction. Il n’était pas dans sa nature de se soumettre, d’ailleurs elle ne voulait pas, mais gagner du temps était indispensable. Et une pause l’était encore plus.


- « D’accooooord d’accoohooohoord j’avouhouhoue je suis chatouilleuheuheeeeuse »


- « Mmh je n’ai pas très bien compris ; dit Naboris en accélérant encore ; vous pouvez répéter ? »


La princesse n’en pouvait plus, et avec la cadence encore augmentée, elle n’avait d’autre choix que de crier pour passer au-dessus de son rire :


- « JE SUIS TRÈS CHATOUILLEUSE S’IL VOUS PLAÎT STOOHOOOP »


Tout s’arrêta instantanément. La princesse laissa retomber sa tête, comme si elle était inconsciente. Elle essayait de reprendre son souffle et de faire face aux 1001 idées qui lui passaient par la tête concernant la suite. Maintenant qu’elle avait craqué, il n’y avait aucun espoir : elle serait chatouillée jusqu’à ce qu’elle avoue tout.


- « Merci princesse, j’apprécie votre sincérité. Et pour vous prouver que la vérité est toujours récompensée, je vais vous laisser 10 minutes de pause, comme promis. Le temps de réprimander mes hommes pour le traitement qui vous a été infligé. Nous nous reverrons tout à l’heure. »


Et la guerrière partit sans un mot de plus, laissant la pauvre Nyssa seule et vulnérable dans ce cachot froid et sombre. Inutile de chercher un moyen de fuir, il n’y avait rien. La porte avait été laissé ouverte mais cela ne constituait pas une opportunité pour autant. Les liens étaient trop solides, les arceaux au sol trop bien fixés. C’était sans espoir, alors la princesse se remit à prier…