Histoire : Je ne fais de mal à personne pour une fois

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Histoire ajoutée le 01/10/2014
Épisode ajouté le 01/10/2014
Mise-à-jour le 03/07/2021

Je ne fais de mal à personne pour une fois

L’histoire qui suit ne comporte pas de scènes de chatouilles, mais est en lien avec mon fétichisme. Il s’agit d’un évènement qui a été assez traumatisant pour moi, et pendant un moment j’ai eu peur d’en parler à qui que ce soit. Maintenant, j’ai changé et je me sens ouvert sur le sujet. Peut-être que certains d’entre vous compatiront, que d’autres me trouveront abject. Mais je veux qu’en lisant cette histoire vous compreniez les erreurs que j’ai faites, afin de ne pas les commettre si jamais vous vous retrouvez dans ma situation.

   Mardi. Comme tous les soirs je suis devant mon ordi. Je viens de rentrer de cours, et comme je me suis rempli la tête toute la journée à cause de la prépa je joue à des jeux de tir, des jeux d’aventure, des jeux indépendants. Je lis des mangas, des fan fictions, je regarde des séries télé et animées.

Tout va bien.


Puis, ma mère entre dans ma chambre. Elle me demande comment était ma journée, moi je lui dis que tout va bien.
Elle me dit que je passe trop de temps sur l’ordinateur, que ma vie ne peut pas se résumer à ça.

Tout va bien, bordel.


Que si ça continue comme ça elle va finir par changer le mot de passe sur mon ordi comme elle l’avait fait quand j’étais au lycée.
« Ecoute, maman. Il y a deux choses qui me procurent du plaisir direct dans la vie. Deux choses. Les jeux vidéo sont l’une de ces deux choses auxquelles je tiens, et quand à l’autre tu me l’as supprimée cet été.
-Tu pourrais sortir, voir les gens de ta classe, te faire des amis…
-Oui, et après je les attache et Javier m’envoie en taule. »
Elle sort de la chambre. Je crois qu’elle commence à pleurer. J’entends mon beau-père Javier qui remonte les escaliers bruyamment. Tout va bien.
« Ok, c’était quoi ça petit merdeux ? Ta mère va te voir et quand elle redescend elle se met à pleurer. Qu’est-ce que t’as encore fait ?
-Moi ? Rien, je ne fais de mal à personne pour une fois. Il n’y a pas de filles impressionnables dans cette maison, que je sache. »

Il me donne une baffe. Je l’ai probablement méritée, donc tout va bien.


Il ressort et je l’entends discuter avec ma mère. Javier m’a déjà plusieurs fois menacé de me virer de la maison, ce à quoi je réponds que de toutes façons je ne suis pas majeur et qu’en plus si je réussis ma prépa je pourrai peut-être servir à quelque chose à l’avenir alors que si je dois vivre autre part ça occasionnera forcément des frais pour maman, qu’elle n’est pas en mesure de couvrir vu que Javier n’a pas de boulot. Je les entends s’engueuler en bas, mais je les ignore et je continue à jouer. Puis je vais me coucher. Comment on en est arrivés là déjà ?

   C’était l’année d’avant. J’avais rencontré Lucie. Elle avait 14 ans et moi 16. La fille d’une amie d’enfance de ma mère, on était allés les voir pour le nouvel an. C’est elle au début qui pour une raison obscure avait commencé à me titiller les côtes pendant qu’on regardait un film tous ensemble. Ceci implique cela, et quelques mois plus tard on se trouva tous les deux chez ses grands-parents à Cannes avec elle attachée à son lit et moi la chatouillant dans tous les sens. Qu’est-ce que c’était bien ! Mais l’été qui a suivi, tout a basculé.

   Je ne sais même plus ce que j’étais en train de faire. Probablement un jeu quelconque avec mes frères. Puis ma mère m’appelle et me dit qu’il y a quelque chose dont on doit parler. Du coup, je m’assois avec Javier et elle. C’est lui qui entame ce que je considère aujourd’hui comme le pire interrogatoire de ma vie :
« Bon, c’est quoi cette histoire de chatouilles là ? »
Mon sang se fige. Ma mère reprend :
« J’ai eu Annabelle au téléphone. On devait diner chez eux ce week-end, mais Alain m’a signalé que tu n’étais pas le bienvenu. Qu’il ne voulait plus te voir à côté de sa fille. Quelque chose à voir avec des cordes et des attouchements. Du coup j’ai creusé un peu, et il m’a dit que Lucie lui avait dit des choses pas très nettes.
-Qu’est-ce que tu as encore fait ? Dis Javier en lui coupant la parole.
-Comment ça ‘encore’ ? »

   Je réponds un peu automatiquement. A ce moment, j’ai déjà perdu tous mes moyens. Mes parents viennent de découvrir mon secret, mon fétichisme, ce qui fait de moi quelqu’un de différent, quelqu’un d’anormal. Ma mère continue, et à chacune de ses paroles je ressens une flopée de souvenirs coquins et agréables se transformer en en recoins sombres et vides.

« Ce n’est pas tout, j’ai demandé à d’autres amies. A ma sœur. Toutes les personnes qu’on a vues récemment et qui ont des filles. Il y en a beaucoup qui ont dit que tu les avais chatouillées et que effectivement c’est bizarre mais que ça ne les avait pas choquées.
-Oui enfin ça c’est ce qu’elles disent (Javier lui coupe la parole encore une fois). Après vu leur âge, elles étaient peut être même pas au courant de ce que tu faisais vraiment. »

   Je n’ai que des souvenirs très confus après ça. Je sais qu’ils ont continué à me poser des questions, que je ne répondais que par des phrases très courtes, que je bégayais. Je me souviens d’avoir perdu le peu de crédibilité qu’il me restait auprès du beau-père. De ma mère en pleurs, disant qu’elle ne veut pas que tout le monde considère son fils comme un psychopathe. Le coup de fil de mon père, qui aimerait bien que ma mère l’appelle pour autre chose que se plaindre ou lui demander de l’argent. Javier qui dit que sur sa vie si je pose un doigt sur une mineure il dépose une plainte au commissariat et je finis en prison. Que je suis déviant. Tout s’est enchaîné très vite et je me suis réveillé le lendemain matin à 14h. Je n’ai parlé à personne pendant quelques jours Puis arrivent la fin des vacances d’été et le début de la prépa. C’est là que j’ai commencé à m’investir à fond dans les jeux vidéo, vu que je n’avais plus droit aux chatouilles. Mes parents n’invitaient plus que leurs amis sans enfants. Imaginez une conversation normale à table, mon beau-père disant qu’untel et unetelle sont sympas, qu’on pourrait les inviter à diner, puis ma mère qui acquiesce au début puis dit avec un mouvement d’œil presque imperceptible vers moi « ah oui, mais ils ont une fille eux. » je me suis progressivement enfermé dans ma chambre. Au moins j’avais l’excuse bidon que j’étais en prépa et qu’il fallait que je bosse.

   Mercredi. Comme tous les soirs je suis devant mon ordi. Je viens de rentrer de cours, et comme je me suis rempli la tête toute la journée à cause de la prépa je me prépare à jouer à des jeux de tir, des jeux d’aventure, des jeux indépendants….
« Code incorrect. Essais restants : 3 »

Tout va bien. De toute évidence ma mère préfère un fils suicidé qu’un fils psychopathe.


Je fais signe à cette dernière que je m’en vais pour de bon et je m’éloigne de la maison d’un pas rapide « attends, c’est pour ton bien » qu’elle me dit. Je m’enfuis vers le terrain vague à côté de la maison. Je suis sous la pluie, cherchant désespérément quelqu’un sur mon téléphone portable pour me consoler. L’orage s’intensifie, mais je ne trouve personne de cohérent. Je n’ai pas d’amis, je ne m’en suis pas fait cette année. J’appelle Lucie, j’essaye de m’excuser, de dire que ce n’est pas sa faute mais je ne suis pas très convaincant. Je rentre alors chez moi sans dire un mot, et je me couche sans manger. Quelques jours plus tard le hasard veut que je fasse un pneumothorax spontané et que je subisse une opération de 2 semaines. Je me disais que ce serait tellement bien s’il y avait une complication, si je pouvais mourir là. Au final ça a été deux semaines très pénibles et j’ai survécu.

   A partir de là j’ai commencé à vivre un mensonge. Du point de vue de n’importe qui venant chez nous, j’étais un jeune homme poli qui passait son temps à bosser pour sa prépa, ne descendant que pour dîner, et remontant pour travailler après quelques conversations souriantes. En fait j’avais deviné le mot de passe de l’ordi, et je passais mes journées et mes nuits dessus, ne m’arrêtant pour bosser que lorsque ma mère était à l’étage. J’assouvissais mes deux passions simultanément en alternant jeux vidéo et vidéos de chatouilles sur internet. Mon cœur battait plus fort lorsque j’étais en train de faire quelque chose que je savais interdit, séparé de ma famille par une simple porte pouvant s’ouvrir sans prévenir à tout moment pour que je sois découvert la main dans le pantalon, un doigt sur le bouton d’allumage de mon PC éteint en face de moi. Mes seules sorties se faisaient avec des anciens potes de mon Lycée qui m’invitaient pour des LAN-partys. Ma mère est une fois passée me chercher à l’improviste, surement pour vérifier que j’étais bien là et pas en train d’utiliser ces LANs comme couverture pour quelque chose d’illégal.

   Tout ça a duré deux ans. Deux années dont je ne suis pas très fier, où je me détestais, je détestais la prépa, je détestais mes parents, mon beau-père me détestais, ma mère parlait très peu avec moi.
Puis j’ai eu mon concours. Quand j’ai reçu la nouvelle, je ne pouvais penser qu’à une chose : Pouvoir enfin quitter la maison, devenir indépendant, et pouvoir faire ce qu’il me chante quand ça me chante. Bien entendu je ne pensais qu’aux jeux vidéo et aux chatouilles.

Et après j’ai rencontré Sarah.

   Je suis ensuite retourné chez mes parents un week-end après ça , et j'ai essayé d'avoir une discussion sérieuse avec ma mère. J'ai alors appris quelque chose qui m'a à la fois soulagé et horrifié J'avais tellement été enfermé dans ma bulle pendant tout ce temps que je n'avais quasiment pas parlé du sujet avec ma elle, et elle avait complètement oublié le coup des chatouilles. En fait elle était persuadée que mon délire c'était attacher les filles, et que "chatouilles" était un mot de code pour "attouchements". J'ai donc tout mis au clair. Je lui ai expliqué précisément en quoi consistait mon fétichisme.
Que tout ce qui s'était passé était une erreur de jeunesse que je regrettais.
Que par contre je n'essaierai plus d'aller à l'encontre de mes pulsions parce que ça m'avait détruit pendant deux ans, et que c'était inutile d'essayer de me faire soigner.
Mais que je ferai attention à ne le faire qu'avec des filles de mon age et consentantes.
Je pense qu'elle l'a pris un peu comme si je lui annonçais que j'étais bi.
Mais dans tous les cas, cette conversation a permis de relancer le dialogue et on se reparle petit à petit.

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