Histoire : Marie

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Histoire


Histoire ajoutée le 28/06/2012
Épisode ajouté le 28/06/2012
Mise-à-jour le 03/07/2021

Marie

Ca faisait longtemps que je n'étais pas venu ici! Et donc je me ramène avec une fiction que j'ai déjà finie d'écrire, et je posterai un chapitre par jour (ou à peu près). Avant de vous présenter le chapitre introducteur, il faut que je vous donne quelques précisions:

L'histoire se passe en Allemagne, au XIXème siècle, dans la famille Schumann, dont le mari et la femme sont d'excellents musiciens (ils ont laissé une marque très forte dans l'Histoire de la musique). Je vous laisse découvrir tout ce joli manège, mais avait ça, je dois dire que l'intérêt pour moi d'avoir écrit cette histoire est qu'elle traite beaucoup de musique, étant donné que je suis moi-même pianiste (voir mon pseudo) et notamment de l'univers schumannesque.
A celles et ceux qui s'y connaissent en musique classique, veuillez me pardonner de ne pas suivre strictement la vérité historique :xp:
Sur ce, bonne lecture! Le premier chapitre est un peu court, il vous paraîtra sans doute un peu brouillon... N'hésitez pas à me dire tout le mal que vous pensez de ce début d'histoire! Je vous laisse tranquille maintenant.


Jour de pluie à Düsseldorf




Düsseldorf, 1858. Une jeune fille brune, âgée de 18 ans, regardait la ville grise à travers les carreaux sales de la demeure familiale d'un œil las, terne. Marie Schumann, aînée de l'illustre compositeur Robert Schumann, décédé il y avait de cela maintenant 2 ans, s'ennuyait ferme. Les autres enfant de Robert et de Clara s'amusaient dans la grande maison rhénane, tandis que Johannes Brahms entreprenait un début de rangement dans les compositions de son regretté ami. En temps normal, la mère de Marie, Clara, aurait joué du piano afin de colorer cette journée maussade. Mais voilà, cela faisait maintenant deux ans que le piano familial ne sonnait plus. Pour ainsi dire, depuis que Robert Schumann est mort à Eisenach, dans l'asile psychiatrique, plus personne ici n'a le cœur à jouer. Lui qui avait toujours craint la mort et la folie, le voilà qui était mort en nageant en plein cœur de la folie, après une longue agonie causée par l'inanité (à moins que ce ne soit l'inanition?).
Robert Schumann donc, illustre compositeur allemand, romantique des romantiques, ami des Chopin, Liszt, Brahms, Weber et autres Mendelssohn, marié à Clara Schumann, née Wieck, grande pianiste et compositrice, ancienne enfant prodige du clavier blanc et noir. Le couple avait accueilli en son sein le jeune pianiste Johannes Brahms, autre figure emblématique du mouvement romantique, qui était devenu totalement amoureux de Clara au premier coup d'oeil, et tous deux partagèrent une liaison amoureuse secrète. Clara aimait toujours Robert, pour sûr, mais il lui était difficile pour elle de choisir entre les deux hommes.
En 1840 donc, Robert et Clara fêtèrent la naissance de leur première fille, Marie, qui ressemblait fortement à sa mère. Elle aussi très bonne pianiste, elle aidait surtout Clara à recopier au propre les compositions de son musicien de père. Et justement, la jeune fille a toujours été impressionnée par l'inspiration de son père. Elle aimait particulièrement le Carnaval de Vienne, l'Album à la Jeunesse dont les premiers morceaux lui sont dédiés, les Scènes d'Enfance ainsi que les Scènes de la Forêt ; elle fut littéralement subjuguée par la beauté de la Symphonie du Printemps et celle dite « Rhénane ». En revanche, il lui arrive que certaines pièces lui fassent peur. C'était le cas des Variations Fantômes, composées alors que Robert était complètement fou. Marie se souvenait parfaitement de ce jour sinistre. C'était en 1853, il y avait 5 ans, en février. Son père était enfermé dans son bureau, occupé à recopier les dernières variations du Geisterthema, poussant de temps en temps des cris épouvantables à vous faire dresser les cheveux sur la tête. Marie fixait alors la porte, s'attendant à voir son père sortir, les yeux roulants dans leurs orbites, la bave aux lèvres... En fait, il sortit précipitamment, mais plutôt que de montrer les signes de la folie, son visage trahissait une forte fièvre. Robert passa devant sa fille sans vraiment la voir. Il était en robe de chambre et chaussons. Le musicien sortit de la demeure et s'en alla en direction des quais. Peu après, il était dans le hall de l'entrée, trempé de la tête aux pieds, soutenu par deux marins : il avait tenté de se suicider en se jetant dans le Rhin. Il s'en est fallu de peu. Quelques jours après, Robert fut envoyé à l'asile psychiatrique d'Eisenach. Marie se souvenait que Clara pleurait beaucoup, même qu'elle était partie vivre quelques jours chez une voisine, laissant ses enfants sous la garde de Brahms.
Depuis, les jours passaient, se ressemblaient tous, ou presque. Les enfants avaient retrouvé leur joie de vivre ; c'est à croire qu'ils en avaient oublié leur père ! Marie, quant à elle, avait une forte idée en tête : entrer dans le bureau de son père, là où se trouvait le piano et les manuscrits de ses œuvres. Ce soir, elle serait seule à la maison : Clara allait jouer un concerto pour piano de Beethoven, tandis que Brahms conduirait l'orchestre. Les enfants seront chez un parent pas loin de Düsseldorf.
Pour Marie, il était évident que son père était mort en emportant avec lui le secret de son inspiration. Même,  elle était persuadée que le Croque-Mitaine, les Chasseurs, l'Oiseau Prophète, le Lieu Maudit... existaient réellement, dans un monde étranger, que seule une phrase magique pouvait ouvrir. Venant de Robert, cela ne serait pas surprenant ! Il gardait tellement de choses secrètes... Et que Marie n'allait pas tarder à découvrir dans la soirée, pour le meilleur, ou pour le pire !

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