Histoire : Le professionnel

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Histoire


Histoire ajoutée le 15/02/2017
Épisode ajouté le 15/02/2017
Mise-à-jour le 03/07/2021

Le professionnel

Après "Psychiatrie", je me lance dans une nouvelle fic. Je ne sais pas encore à quel rythme je pourrais l'écrire, je vous demande donc d'être compréhensif si les chapitres sont un peu espacés :rougis: J'espère que ça vous plaira !






Le professionnel





« Monsieur Black, je présume ? »



La femme qui me faisait face était plus grande que moi. Elle avait environ quarante ans et un visage dur, à peine atténué par les boucles blondes qui tombaient en cascade sur ses épaules. Ses yeux bleus glacials étaient plantés dans les miens, cherchant une réaction pour confirmer son hypothèse. Elle était habillée d’un tailleur rouge vif, assorti à ses escarpins. Pas très discret pour un rendez-vous de ce genre…



La surprise passée, je hochais lentement la tête. Une main apparut d’un geste sec dans mon champ de vision. Je la serrais. Les présentations étaient faites. « Ravie de vous rencontrer », lança-t-elle d’un ton sans chaleur en m’entraînant vers la porte d’un café.



Monsieur Black n’est pas mon vrai nom, bien sûr. Mais sans vouloir vous froisser, je préfère garder pour moi ma véritable identité. Sur le darknet, les pseudos à base de couleurs sont légions. Pourquoi avoir choisi le noir ? Aucune idée. Sans doute un gros manque d’inspiration au moment de choisir mon profil virtuel.



La femme en rouge m’entraîna au fond de la salle. Elle avait repéré une table vide, dans un angle visiblement oublié par les clients. L’endroit parfait pour la discussion que nous devions conduire. A peine installée, elle se plongea dans une intense opération de fouille au fond de son sac à main. Une enveloppe joufflue apparut. Je fixais le courrier avec une certaine envie. Je savais parfaitement ce qu’il contenait.



Mon interlocutrice posa l’objet de mon attention sur la table. Mais au lieu de l’avancer vers moi, elle garda une main ferme dessus et planta à nouveau son regard dans le mien. « J’ai ce que vous nous avez demandé : 4 000 maintenant et 2 000 une fois le travail terminé », précisa-t-elle. Alors que tendais une main vers l’enveloppe, soucieux de vérifier ses dires, elle interrompit mon geste.



« Qu’est ce qui me prouve que vous êtes bien la personne indiquée ? », me jeta-t-elle à la figure. Cette fois, c’était à mon tour de lui jeter un regard noir. « Vous avez lu mon CV non ? », lâchais-je d’une voix sèche. Aucune réaction. Je m’étais habitué à ce genre de mise en doute de mes compétences, mais la déception n’en était pas moins grande à chaque fois.



Le serveur interrompit notre duel oculaire. D’un geste hautain, la mystérieuse femme le congédia. L’homme se retourna, tentant de cacher son air agacé derrière un sourire pincé. Lui aussi devait avoir l’habitude de ne pas être traité comme il le souhaitait.



La parenthèse m’avait donné le temps d’élaborer une stratégie. « Donnez moi un de vos pied », ordonnais-je. La femme en rouge arqua un sourcil. Touché ! Elle s’exécuta. Tendant la jambe gauche, elle posa sa cheville sur mes genoux. J’entrepris d’enlever sa chaussure. « Sachez que je ne suis pas très réceptive à vos… méthodes », m’envoya-t-elle alors que je posais l’escarpin sur la banquette.



Un pied élancé se révéla à mon regard. Il était plutôt grand. Un coup d’œil vers le fond de sa chaussure confirma mon impression. Elle chaussait du 40. Saisissant ses longs et fins orteils d’une main, je les étirais vers l’arrière et posais mes doigts libres sur sa plante. Sa peau était aussi froide et dure que son regard.



Mon interlocutrice aimait visiblement marcher pieds nus. Cette habitude l’avait dotée d’un épiderme épais, protégeant les millions de terminaisons nerveuses cachées en dessous. Je pivotais son pied de gauche à droite pour l’exposer au peu de lumière disponible sous la table.



Je finis par trouver ce que je cherchais, juste au dessous du bord interne de la zone d’appui. Un petit espace de peau plus pâle. Une faiblesse dans l’armure de ce pied fier et sûr de sa force. Utilisant les ongles de mon pouce et de mon index, je me mis à pincer frénétiquement la zone révélée par l’éclairage légèrement jauni.



La femme en rouge couina et tira sur sa cheville. Visiblement gênée, elle jeta un regard autour d’elle. Le serveur la scrutait d’un air narquois mais il semblait heureusement être le seul à avoir entendu. Revenant vers moi, elle me tendit l’enveloppe, que je lui échangeais avec un sourire contre son escarpin qu'elle s'empressa de rechausser.



Un rapide décompte me permis de confirmer la somme. L’argent était accompagné d’une photo d’identité. Celle d’une jeune fille brune aux traits fins et gracieux. Elle avait des yeux bruns légèrement en amande. Elle était très jolie. Derrière le cliché, je découvris son prénom et son âge, inscrits au stylo d’une écriture ronde et déliée. Elle s’appelait Emeline. Elle avait 19 ans.



« La cible est la fille d’un concurrent de mes patrons, votre rôle sera de la malmener comme vous savez le faire pour qu’elle nous dise ce qu’elle sait des dernières trouvailles de son paternel ». Je n’avais pas besoin d’avoir plus de détails. La femme en rouge n’irait pas plus loin de toute façon. Ne me manquait qu’une information. « Comment savez-vous qu’elle répondra positivement à mes méthodes ? »



La femme me tendit un téléphone. Sur l’écran, une vidéo Youtube chargeait. « Le supplice d’Emeline XD », indiquait le titre. Un décor de plage apparut. La jeune fille, dont les jolis yeux étaient masqués derrière des lunettes de soleil, était ensablée. Seuls sa tête et ses pieds nus dépassaient de la surface. Elle semblait attendre quelque chose, incrédule.



Soudain, une main entra dans le champ et commença à chatouiller vicieusement ses plantes exposées. « Ah nooooon ! », se mit à hurler la brune depuis le haut parleur. Un grand rire frénétique s’échappa du téléphone. A l’image, Emeline se débattait furieusement, tant et si bien qu’elle réussit à dégager ses bras pour venir griffer ceux de son agresseur. La vidéo s’arrêtât.



« Satisfait ? », lança la femme en rouge. Je hochais la tête. Cette vidéo de lycéen décérébré était la meilleure des preuves. Confiée à un professionnel comme moi, la pauvre Emeline ne résisterait pas très longtemps. C’était du tout cuit. Du tout cuit à 6 000 euros.



« Suivez moi », lança mon interlocutrice en se levant. Nous sortîmes sous le regard noir du serveur, à qui nous n'avions rien commandé. Une berline noire nous attendait déjà pour nous conduire sur les lieux du supplice. Mes clients n’avaient décidément rien laissé au hasard.

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