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- La princesse
- Épisode 05
Histoire ajoutée le
11/10/2022
Épisode ajouté le
03/03/2023
Mise-à-jour le
03/03/2023
Bonjour à tous! Voici enfin la fin de l'histoire de la princesse! Entre travail et vie personnelle j'ai mis beaucoup de temps à la finir, mais ayant eu un peu de temps libre ces derniers jours je me suis dit que c'était l'occasion de vous délivrer le final. j'espère ne pas avoir bâclé le travail à cause de mes petites contraintes de temps, en tout j'espère que ça vous plaira! J'attends vos retours.
En vous souhaitant, comme toujours, une bonne lecture.
Neotk
Une fois l’heure presque écoulée, Naboris redescendit dans le cachot pour y retrouver sa prisonnière. Elle fut accueillie dans la pièce par de faibles rires et un corps remuant doucement.
- « Alors princesse comment vous sentez-vous ? »
- « Enleveeeheeez les s’il vous plaahaaît » répondit faiblement Nyssa
Il n’y eut nul besoin d’une action de la part de Naboris puisque la roue s’arrêta d’elle-même à cet instant. De toute façon elle n’aurait pas soulagé la princesse d’une seule seconde de son supplice. Cette dernière était parcourue de frissons qui ne semblaient pas vouloir la laisser.
- « Cette sensation est insupportable au bout de quelques temps n’est-ce pas ? Au début vous avez dû vous dire que vous pourriez supporter les plumes pendant des heures avant de vous rendre compte que les nerfs lâchent. Plus vous étiez chatouillée et plus vous étiez chatouilleuse, je me trompe ? »
Trop fatiguée et essoufflée pour répondre, Nyssa fit non de la tête. C’était exactement la sensation qu’elle avait ressentie. Si le mécanisme avait été fait pour faire tourner la roue pendant deux heures elle serait sûrement devenue folle ou se serait évanouie. Il y avait cependant quelque chose qui la taraudait. Elle avait besoin de temps alors elle rassembla toutes ses forces pour poser lentement une question :
- « Vous pffff vous avez l’air pfff de parfaitement savoir pfff ce que ça fait pfff d’être à ma place pfff vous y avez pfff déjà été ? »
Le regard de son bourreau se perdit une seconde avant de répondre :
- « Par respect pour vous je vais vous raconter mon histoire. Pourquoi cette méthode de torture est ma préférée et comment je connais les sensations qu’elle procure… Mais sachez une chose : ce sera votre dernière pause. Après ça je vous briserai complètement et j’obtiendrai ce que je veux de vous. »
Il n’y avait rien à répondre. Si c’était sa dernière pause, alors raison de plus pour Nyssa de ne prononcer aucun mot inutile. Naboris s’assit sur la chaise qu’elle occupait auparavant et reprit :
- « Autrefois j’avais une sœur. Elle était la personne la plus forte et la plus courageuse que j’ai jamais connue. Nous faisions partie d’une tribu de guerriers dans des montagnes comme celles-ci. Nous n’avions plus de parents, ils étaient morts il y a longtemps, mais la tribu était notre famille. Nous y avions tout ce dont nous avions besoin, nous y étions respectées et nous avions une place. Un foyer. Ma sœur était plus vieille que moi et prenait part à la vie de la tribu d’une manière plus active. Elle partait chasser, se battre, elle volait des provisions et des richesses. Moi je restais au camp et attendait leur retour avec impatience pour qu’on me raconte ses exploits. Les histoires le soir au coin du feu étaient à peu près la seule distraction autorisée. Je rêvais de pouvoir vivre cette vie. Nous étions tranquilles dans les montagnes, personne n’avait jamais pu trouver notre cachette. Jusqu’à il y a 15 ans, quand notre groupe décida de prendre d’assaut un fort de l’empire qui venait de recevoir une importante quantité d’or. Ce jour-là ils partirent pour l’honneur, la gloire et la richesse, mais ils revinrent dépités, et très peu nombreux. Ils racontèrent que les autres avaient tous été tués. Tous sauf ma sœur, qui avait été faite prisonnière. Ils avaient dû fuir en l’abandonnant à son sort, pensant sans doute qu’il leur fallait revenir auprès de leurs vraies familles, revoir leurs femmes et leurs enfants. Je les ai suppliés de venir avec moi, de m’accompagner pour tenter de la délivrer, mais leur priorité était leurs familles. Avec le recul je pense pouvoir dire que je comprends leur choix. »
Elle marqua une courte pause. Nyssa écoutait attentivement l’histoire, profitant de chaque seconde pour respirer aussi profondément que possible bien sûr, mais cette vie de brigands la captivait bien plus qu’elle ne voulait bien l’admettre.
- « Alors j’ai décidé d’y aller seule. C’était très dangereux et j’en étais consciente, mais je devais à tout prix tenter de la sauver. J’étais encore trop petite en taille pour prendre le cheval d’un homme du camp, alors j’ai volé quelques provisions et je me suis enfuie à pied. C’était un voyage de presque deux jours pour aller jusqu’au fort. Ce fut long mais je finis par atteindre mon objectif. En arrivant à proximité des murs la grande porte s’ouvrit. Je me suis jetée sur le côté pour me cacher, et là j’ai vu ce qui semblait être la totalité des gardes du fort partir sur leurs chevaux et remonter la route par laquelle j’étais venue. Je me suis engouffrée derrière eux et me suis mise en quête des cachots. Il restait quelques gardes mais ma petite taille suffit à pouvoir passer sans me faire remarquer. Je finis par retrouver ma sœur, recroquevillée sur une paillasse dans une cellule laissée ouverte. Elle avait le visage ensanglanté et paraissait à bout de force, elle avait été tabassée peu de temps avant. Lorsque je la pris contre moi elle n’ouvrit pas les yeux. Elle murmura simplement d’une voix faible et tremblante : « Plus de chatouilles pitié… Je vous ai tout dit je le jure… Ne me chatouillez plus je vous en supplie... ». Sa voix était si faible qu’elle en était méconnaissable, et le contenu de ses phrases était tellement… inapproprié venant d’elle que si je n’avais pas vu ses lèvres remuer je n’aurais pas cru qu’elle avait prononcé ces mots. »
Nyssa imaginait parfaitement l’état de la sœur de Naboris après tant de temps aux mains de ses ravisseurs. Elle-même ne savait pas exactement depuis combien de temps elle était là, mais seulement une nuit était passée et elle trouvait déjà le temps très long. Sa geôlière reprit alors :
- « Je l’ai redressée et lui ai fait ouvrir les yeux. Je pensais qu’elle serait heureuse de me voir mais elle éclata en sanglots. Elle me raconta alors ce qui lui était arrivé. Cela faisait près de trois jours qu’elle était prisonnière et durant ce temps elle avait été horriblement chatouillée sur la totalité de son corps, presque sans répit. Elle avait fini par tout avouer : la localisation de notre camp, notre nombre, les points d’accès dans les montagnes, absolument tout ce qu’elle savait. Puis ils l’avaient violemment tabassée, la laissant pour morte avant d’aller chasser ce qui restait des nôtres comme de vulgaires animaux. C’étaient eux que j’avais croisés en arrivant. Ils avaient brisé ma sœur. Même moi j’ignorais qu’elle était chatouilleuse. Elle passa ses derniers instants dans mes bras, à se confondre en excuses et à me supplier de la pardonner, avant de rendre son dernier souffle, trop faible pour se remettre de son passage à tabac. J’étais anéantie. Mais j’ai dû la laisser là pour retourner à la seule famille qu’il me restait. Je me suis pressée pour rejoindre le camp, en volant un cheval à ma taille que j’avais trouvé au fort. Mais en arrivant je n’y ai trouvé que la mort. Ma tribu avait gagné la bataille mais seulement cinq des nôtres avaient survécu. Et ils ne m’accueillirent pas à bras ouverts. Un des soldats avait raconté comment ma sœur avait parlé, pour se moquer de la raison grâce à laquelle ils avaient massacré une grande partie des nôtres. Même dans la mort son honneur était bafoué, et les survivants n’acceptaient pas cette trahison au profit d’une torture qu’ils jugèrent ridicule. Ils la traitèrent de lâche, me chassèrent et partirent de leur coté. Et je ne les ai plus jamais revus. Mais je me suis juré de venger la mort de ma sœur. J’ai rejoint un autre groupe, tous en soif de justice, j’ai fini par en prendre la tête et nous sommes devenus la Ligue d’Alexandrie. J’ai enquêté pour trouver les responsables de la torture et du meurtre de ma sœur, et quand j’ai eu à torturer la première personne qui ne voulait rien me dire, j’ai eu l’idée d’utiliser les chatouilles, et ça a marché. Ainsi je pouvais prouver à tout le monde ce que je savais depuis longtemps : que ma sœur n’avait rien d’une lâche ou d’une vendue. Aujourd’hui tous les soldats qui étaient impliqués sont morts. Mais ça ne me suffit pas. Car vois-tu j’ai appris que ces gardes travaillaient en relation quasi directe avec le palais royal de ton père, alors jeune Pharaon. Et c’est là que j’ai compris. C’est cet empire qu’il faut punir, c’est cet empire qu’il faut tuer, une révolte est la seule option viable pour qu’un changement s’opère. Pour que plus personne n’ait à subir ce que ma sœur a subi sous le règne d’un despote. Et c’est alors devenue l’unique mission de la Ligue, qui s’est depuis étendue dans tous le pays… Et c’est donc là que vous intervenez ma chère princesse. »
Nyssa venait à peine de reprendre son souffle et la torture allait déjà recommencer. Naboris se leva et déplaça la table des instruments pour qu’elle soit au plus près de sa zone de travail, à savoir les pieds de la princesse.
- « Je vous avais prévenue que ce serait votre dernière pause, et je ne compte pas la faire durer avec une discussion à rallonge. Plus tôt, vous aviez voulu poser des questions sur mon choix de torture et je vous en avais empêchée. Par respect pour votre ténacité je vous ai raconté mon histoire, mais ça s’arrête ici et maintenant. »
La princesse se demandait si ce revirement brutal n’était pas fait exprès pour la déstabiliser. Il y avait de grandes chances que ce soit le cas mais elle n’avait pas le temps de débattre sur la question. Elle songeait à comment elle pouvait sortir d’ici, et si elle était honnête avec elle-même, il y avait peu de chance qu’elle y parvienne. Elle repensait alors à la sœur de Naboris. « Elle était la personne la plus forte et la plus courageuse que j’ai jamais connue. » avait-elle dit. Et elle avait craqué. Si c’était vrai, alors ses chances d’emporter son secret dans la tombe lui paraissaient bien minces.
De son côté, Naboris décelait le doute dans les yeux de sa suppliciée et l’appréciait tout particulièrement. Elle était si près du but qu’elle avait le vertige en repensant à tout ce qu’elle avait déjà accompli ces 15 dernières années. Nyssa était le dernier obstacle à l’achèvement de son rêve, et cet obstacle s’effritait doucement. Elle continua donc de s’affairer aux pieds de Nyssa, se servant d’une petite corde fixée au carcan pour attacher ses orteils au bois et ainsi limiter ses mouvements. La princesse n’avait pas eu le temps de voir cette petite corde et fut surprise de son passage entre ses orteils, un autre endroit très chatouilleux. Elle laissa donc s’échapper un minuscule petit cri de surprise qu’elle regretta aussitôt, car il n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde :
- « Mmh chatouilleuse des orteils aussi apparemment ? Je note ça pour plus tard » dit Naboris avec un air satisfait.
Une fois les orteils bien attachés Naboris positionna sa chaise en face des pieds de la princesse, la table avec tous ses instruments était derrière elle, toujours invisible pour Nyssa, qui attendait que son supplice recommence. Son bourreau décida de recommencer avec les plumes fines, taquinant les plantes de la princesse en les caressant doucement. Elle ne craqua pas, mais elle ressentait chaque contact contre sa peau avec une sensibilité exacerbée, comme si des millions de petits poils rentraient dans chaque pore. Puis, Naboris retourna subitement les plumes et gratta avec la partie rigide qu’elle tenait entre ses doigts. Sous la surprise la princesse laissa éclater un grand rire :
- « Hahahahahaha noooohooon »
Visiblement satisfaite, Naboris gratta plus fort avant que sa captive ne puisse reprendre consistance. Insistant à la base des orteils et sous la plante de la pauvre princesse qui ne se contenait plus. Le supplice continua ainsi pendant une dizaine de minutes avant que les plumes soient reposées pour changer d’outil, laissant à Nyssa de courtes secondes pour reprendre son souffle avant que des doigts ne s’abattent à nouveau sur sa zone sensible. Les rires continuèrent, les chatouilles durèrent pendant une période qu’elle n’aurait su déterminer, et sa résistance s’effritait petit à petit :
- « S’il vooouhooous plaaahaaaît nooohoon hahahahaha arrêêêêêhêêêteeeez hahahaha pas les pieeeheeds »
- « Vous savez princesse ; dit Naboris en s’arrêtant ; ce serait beaucoup plus simple si vous disiez ce que vous savez. Vous échapperiez à tout ça et on gagnerait du temps. »
Puis elle ramassa un pinceau sur la table derrière et caressa la plante gauche de la princesse qui laissa échapper un petit rire tremblotant sous ce contact léger. Elle prit également une plume rigide et chatouilla les orteils du pied droit de sa captive qui ne résista pas longtemps, déjà fragilisée par l’attaque du pinceau. Les rires emplirent de nouveau la pièce, et des larmes apparurent au bout de quelques minutes dans les yeux de la suppliciée, qui suppliait qu’on laisse ses orteils tranquille :
- « Paahaas les orteeeeeils pitiéééhééé je suis trop chatouilleeeheeuse hahaha une paaaaaause pitiéééé »
Au bout d’un certain temps Naboris s’interrompit et posa ses outils, laissant Nyssa haletante et transpirante. Elle avait yeux humides de larmes et son ventre lui faisait mal après autant de rires. Mais le pire étaient ses pieds. Elle avait la sensation que les chatouilles continuaient, comme si la seule présence d’air dans la pièce venait taquiner ses plantes.
- « Bien puisque vous voulez une pause je vais vous en accorder une. » dit Naboris avec un sourire malicieux
Elle déposa un baiser sur la plante de la princesse qui sursauta, les nerfs à vif. Puis elle attrapa une petite cruche sur la table des instruments et versa son contenu sur les plantes de Nyssa avant de commencer à les masser. La princesse avait passé la phase de trouver cette pratique embarrassante et trouvait même cela extrêmement agréable après la torture qu’elle venait de subir, bien qu’elle ne comprenait pas à quoi cela menait. Encore trop essoufflée pour poser la question elle se contentait de gémir faiblement sous les doigts experts de son bourreau. Les minutes passèrent jusqu’à ce que Naboris rompe le silence :
- « Plaisant n’est-ce pas ? C’est une huile qui va faire du bien à votre peau… Enfin qui ferait du bien à votre peau dans un contexte différent. »
On pouvait lire l’incompréhension dans les yeux de Nyssa, qui se serait bien abandonnée au plaisir simple de se faire masser ses pieds si sensibles.
- « Voyez-vous, cette huile fait aussi partie de mon attaque. Elle va sensibiliser vos pieds, vous rendre encore plus chatouilleuse, à un point où vous ne pourrez plus garder votre secret très longtemps. »
- « P- plus chatouilleuse que je ne le suis déjà ? » répondit la princesse horrifiée
- « Oui. Et vu votre sensibilité d’origine, je ne serais pas surprise que cette huile fasse de vous la personne la plus chatouilleuse du royaume. »
La princesse ne savait pas si elle croyait à ce qu’elle entendait, mais la peur de cette éventualité était plus forte que son doute :
- « Non… Non pas ça… Mes pieds sont mon point faible, ça chatouille déjà trop je vous en supplie… »
- « Vous savez ce qu’il vous reste à faire si vous voulez que tout s’arrête. Quelque chose à me dire ? »
- « Je ne peux pas... »
- « C’est vous qui voyez. Moi j’ai tout mon temps... »
Alors qu’elle finissait sa phrase elle recommença à chatouiller doucement les pieds de sa captive avec ses doigts. La sensation était horrible pour la pauvre Nyssa. L’huile avait parfaitement pénétré après de longues minutes de massage et ses plantes étaient plus sensibles que jamais. Cette fois elle ne put résister plus de quelques secondes et commença par rire doucement, ne pouvant faire autrement. Ce petit jeu dura quelques minutes, durant lesquelles la résistance de la princesse s’effritait à chaque seconde qui passait. Ses nerfs commençaient à lâcher, et Naboris le voyait. Elle se décida donc à attaquer plus fort, sans avertissement, et l’effet fut immédiat :
- « POUHAHAHAHAHA NOOOOOON »
Les ongles du bourreau grattaient chaque petit recoin de peau, chaque zone sensible, chaque terminaison nerveuse à la recherche de celle qui lui donnera enfin ce qu’elle cherchait. Et d’après les rires qu’elle entendait elle en était proche. Le corps de la princesse se tordait, convulsait sous les chatouilles. Il n’y avait pas besoin d’instrument, sa sensibilité maximale était atteinte.
- « PITIÉ NOOON ARRÊÊÊTEEEHEEEZ HAHAHAHA PAS CA NOON PAS LES PIEEHEEDS HAHAHAHA »
Nyssa perdait toute notion des choses. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, se rappelait à peine de ce qu’elle était en train de protéger. Elle ne ressentait que les chatouilles. Elle s’enfonçait dans les sensations et rentrait dans un horrible cercle vicieux : plus elle perdait contrôle plus elle était chatouilleuse.
Les minutes passèrent, les rires étaient toujours aussi forts, bien que parfois la voix de la suppliciée se brisait et elle manquait de s’étouffer. Naboris augmenta encore la cadence et redoubla d’efficacité. Changeant régulièrement de zone, attaquant la base des orteils, puis la plante, avant de revenir entre les orteils puis de nouveau à la plante. La pauvre princesse était en pleurs :
- « JE VOUS EN SUPPLIIIIIIIE HAHAHA NOOOHOOOON ARRÊÊÊTEEEHEEEZ POUHAHAHAHA »
Les suppliques ressemblaient de plus en plus aux râles rauque d’une possédée. La torture continua pendant une bonne demi-heure avant que, enfin, Naboris entende les mots :
- « ÇA SUFFIIIHIIIT JE VAIS PAAHAARLEEER ARRÊÊTEEEZ »
- « Qu’avez-vous dit ? J’ai bien entendu ? »
- « JE VAIS TOUT VOUS DIRE JE VOUS LE PROMEEEHEEETS HAHAHAHA PLUS DE CHATOUHOUILLES S’IL VOUS PLAAAHAAÎT »
Honorant sa promesse, Naboris arrêta le supplice immédiatement et remua ses doigts, puis massa ses mains. Après tout ce temps elle avait des crampes. Nyssa, quant à elle, gisait sur la table, la tête penchée sur le côté, luttant pour respirer. Elle voyait à peine ce qui se passait autour d’elle à cause des larmes dans ses yeux et de la bave avait commencé à couler de sa bouche à cause de sa difficulté à déglutir pendant le supplice. Elle était brisée. Après quelques instants pour reprendre son souffle elle prit la parole, redoutant que son bourreau recommence la torture si elle ne disait rien :
- « Pitié pfff ça suffit… pfff Pas les chatouilles… pfff Plus de chatouilles… Je vais... pfff Je vais tout vous dire pff Mais ne me touchez plus les pieds… pfff S’il vous plaît... »
Voir la princesse ainsi brisée aurait presque fait de la peine à Naboris si elle ne savait pas ce que ça représentait. Elle aimait bien cette gamine, mais son objectif était enfin atteint. Pas de place pour le sentimentalisme.
- « Alors je vous écoute. Dites moi où sont-ils ? »
- « Ils sont pfff cachés dans le désert pfff »
- « Le désert est vaste princesse, il va m’en falloir un peu plus. »
- « L’endroit ne pfff ne porte pas de nom… pfff Amenez-moi une carte et je vous le montrerai »
- « Ah je vois, vous essayez encore de gagner du temps. Tant pis, ça fera plus de chatouilles pour vous » dit Naboris en s’apprêtant à se remettre au travail.
- « NON PITIÉ PITIÉ ! Je- pfff je dis la vérité je le jure ! Pfff Plus de chatouilles, je n’en peux plus... pfff Je suis beaucoup trop chatouilleuse maintenant… pfff La carte… Donnez-moi la carte je vous en supplie... »
Naboris examina la proposition quelques instants puis accepta :
- « Alors soit, je vais aller chercher une carte. Cependant rappelez-vous que vous n’irez nulle part tant que je n’aurai pas ce que je veux, donc inutile de gagner du temps. »
Et elle sortit. Nyssa éclata en sanglots. Elle était brisée, elle avait trahi sa famille. Elle repensait à la sœur de Naboris qui avait tenu plusieurs jours avant de craquer. Elle se sentait pitoyable. Elle se ressaisit lorsqu’elle entendit des pas dans l’escalier. Cela faisait à peine une minute que Naboris était partie et cela lui semblait un peu court pour trouver une carte suffisamment conséquente pour couvrir tout le désert.
Et effectivement ce n’était pas Naboris, il s’agissait du cuisinier, que Nyssa n’avait plus vu depuis qu’elle l’avait assommé dans sa cellule. Il rentra dans la cellule et s’approcha d’elle. Elle était terrifiée. Allait-il la chatouiller pour se venger jusqu’à ce que sa cheffe revienne ? Elle ne pouvait plus supporter une seule seconde de cette torture. Son cœur battait fort quand elle vit les mains de l’homme s’approcher de ses aisselles. Elle crut s’évanouir. Mais elle vit ces mains monter toujours plus haut, jusqu’à ses poignets, où il défit les sangles qui la maintenaient prisonnière.
- « Qu’est ce que… ? » demanda Nyssa, incrédule.
- « Je vous sors de là ; dit le cuisinier en contournant la table pour enlever la deuxième sangle ; dépêchez-vous ! »
La princesse n’en croyait pas ses yeux. Elle avait dû s’évanouir à un moment et ceci était un rêve. Pourtant la sensation de liberté lui paraissait si réelle quand le cuisinier ouvrit le carcan et libéra ses jambes. Il récupéra ses sandales qui étaient dans un coin de la pièce et les lui mis maladroitement, ce qui la chatouilla un peu mais elle ne lui en tenu pas rigueur. Tout semblait trop beau pour être vrai. Elle tenta de se mettre debout mais trébucha, trop faible pour marcher.
- « Appuyez-vous sur moi. » dit le cuisinier en se baissant pour lui présenter son épaule
Nyssa s’exécuta et ensemble ils sortirent de la cellule, mais ne prirent pas la direction de l’escalier menant au couloir principal situé à droite. Ils tournèrent à gauche en direction du mur du fond.
- « Qu’est-ce que vous faites ? » demanda Nyssa dont la panique reprit le dessus
- « On ne peut pas passer par là-haut on se ferait attraper. Attendez, appuyez-vous contre la grille de la cellule et laissez-moi faire. »
Elle obéit et le regarda tirer sur une des torches qui éclairaient les cachots avant de revenir et de tapoter sur le mur jusqu’à entendre un plus creux. Il poussa sur cette brique de toute ses forces et le mur bascula, s’ouvrant comme une porte, et la princesse découvrit un couloir caché derrière. Il reprit Nyssa pour l’aider à marcher et ils s’engouffrèrent dans le couloir au moment où des bruits de pas se faisaient entendre dans les escaliers. Le cuisinier referma le mur-porte en vitesse derrière eux, et quelques instants plus tard on entendait Naboris hurler à la garde que la prisonnière avait disparue.
- « Merci… » dit simplement Nyssa
- « Ne me remerciez pas. Avant de vous libérez j’ai aidé à vous capturer, c’est de ma faute si vous êtes arrivée là. »
- « Pourquoi vous m’avez secourue ? »
- « J’avais une fille autrefois. Elle avait à peu près votre âge. C’est après l’avoir perdue que j’ai rejoint la ligue. Mais quand j’ai entendu vos cris et vos suppliques venir des cachots, je me suis dit qu’elle n’aurait pas voulu ça. »
Le silence se fit. La princesse assimilait encore le fait d’être libre et était touchée par la rédemption de cet homme. C’était quelqu’un de bien qui avait fait de mauvais choix guidés par le deuil.
- « Il faut y aller. Ce tunnel est assez long, il devrait nous conduire en dehors de leur zone de recherche. Un cheval nous attend au bout, il faudra fuir le plus loin possible. »
Nyssa se releva et suivi le cuisinier le long du tunnel. Ils marchèrent pendant une bonne vingtaine de minutes avant de retrouver l’air du dehors. Le cheval était là. Il l’aida à monter et partirent tous les deux. Elle était libre. Maintenant il lui fallait sauver sa famille, prévenir son père que la Ligue existe, et tout faire pour lutter contre elle. Un combat qui ne serait sans doute pas facile, mais elle était déterminée, et avec la liberté dont elle jouissait de nouveau, sans compter sur l’aide du cuisinier, tout était de nouveau possible.